Jean-Paul Sartre

Jean-Paul Sartre
Jean-Paul Sartre pendant la Seconde guerre mondiale

06/01/2014

I/ Théâtre de propagande et censure

   Pour renforcer l'emprise du gouvernement sur le théâtre ou toute forme d'expression, les Allemands nazis instaurent un système de contrôle absolu. Toute allusion à l'Occupation allemande, à son régime ou à ses dirigeants était sanctionnée impitoyablement.

   La Propaganda-Staffel (en allemand, "escadron de propagande") était un service dirigé par les autorités allemandes. Sa principale activité consistait à contrôler toutes les activités culturelles et d'informations ; c'est-à-dire aussi bien veiller au contenu des chansons, des pièces de théâtre, qu'aux parutions de la presse. Ceux qui déclaraient ignorer ces lois, n'avaient pas d'autres choix que publier leurs œuvres clandestinement. Tout ce qui pouvait déplaire était strictement censuré. Par conséquent, aucun texte ou pièces de théâtre allant contre le régime nazi ne pouvait être publié officiellement.
La Propaganda-Staffel promulguait des listes d’interdiction d’œuvres (143 livres ont été censurés durant l'été 1940 par la liste Bernhard). En 1940, la liste Otto a interdit environ 1200 ouvrages jugés anti-allemands, des œuvres d’écrivains juifs et même des livres anti-staliniens. Tous ces ouvrages ne devaient plus se trouver en vente.
Vichy aussi encadre, à l'aide de comités (notamment le Comité d'organisation des établissements de spectacle), les activités artistiques.

   Mais il fallait redouter non seulement la censure allemande, mais aussi la critique et la presse spécialisée françaises qui étaient aux mains des collaborationnistes (Je suis partout, La Gerbe, Comoedia). Dès le début de l'Occupation, les critiques collaborationnistes multiplient les dénonciations, mettant en cause l'origine raciale d'Harry Baur, de Sacha Guitry, et de tant d'autres...
Le 4 juillet 1941 sont ajoutées les réimpressions et les nouvelles publications des ouvrages anglais et américains. Le 22 mars 1942, une deuxième liste Otto intitulée "liste de la littérature indésirable" nommément signée par le Président du Syndicat des Editeurs est publiée. Elle est classée par auteur et non plus par éditeur. S’adjoint à ces listes d’interdiction une "Liste globale de la littérature à promouvoir". 

   Les allemands imposent des nouvelles règles pour faire en sorte que les représentations diminuent progressivement. Par exemple, les autorités demandent de limiter l'ouverture des salles : un jour de fermeture par semaine en 1943 mais quatre jours à partir de mars 1944... Ils doivent aussi tenir compte du couvre-feu imposé par les Occupants (comme il est rappelé dans Le Dernier Métro, les représentations commencent tôt : vers 19h30, pour que les spectateurs arrivent à temps pour attraper la dernière rame de 23 heures). En 1943, Le soulier de satin de Paul Claudel, qui dure près de cinq heures, est présenté à partir de 17h30... De plus, les théâtres sont tenus de réserver des places pour la « Propaganda staffel » : les allemands venaient assister aux pièces. Enfin, les théâtres subissent de fréquentes coupures d'électricité, parfois même en pleine représentation !

   En plus de la censure et du contrôle absolu du théâtre français, le théâtre de propagande créé par les allemands prend place avec des pièces antisémites. Alain Laubreaux, journaliste et écrivain collaborationniste français est connu pour ses critiques acides sur le théâtre dans le journal Je suis partout, il était craint et haï par une bonne partie du monde du spectacle. Ainsi, durant l'Occupation, Alain Laubreaux fut frappé publiquement par Jean Marais. Cette anecdote inspira avec une certaine liberté, la scène du film Le Dernier Métro où le comédien interprété par Gérard Depardieu s'en prend à Daxiat, le critique de Je suis partout incarné par Jean-Louis Richard.

  Souvent en conflit avec l'ambassade d'Allemagne, la Propagandastaffel de Paris, installée sur les Champs-Elysées sera supprimée en juillet 1942.  


Première conférence de Je suis partout

Archives du journal Je suis partout

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